Depuis les dernières mises à jour de l'Atlas international des nuages (1975 pour le Volume I et 1987 pour le Volume II), notre compréhension de certains types de nuages et d'autres météores météorologiques a progressé et la technologie a fondamentalement changé le monde. Nous avons assisté à l'avènement de l'Internet, de la messagerie électronique et de téléphones cellulaires munis d'un appareil photo. Malgré cela, l'Atlas était uniquement disponible en version imprimée.
Aujourd'hui plus que jamais, la météorologie, la climatologie et l'hydrologie doivent s'appuyer sur des observations des nuages et des phénomènes météorologiques à la fois précises et cohérentes. Il convient donc de veiller à ce que ces observations restent normalisées à l'échelle planétaire. En l'absence d'accès en ligne à l'Atlas international des nuages, d'autres atlas commençaient à paraître sur le Web, au risque de compromettre la normalisation de la classification des nuages au niveau mondial, qui avait présidé à l'élaboration de l'Atlas en 1939.
Face à cette menace, les présidents des commissions techniques et des conseils régionaux de l'OMM réunis en 2011 ont appelé les commissions techniques concernées à réfléchir aux solutions possibles. Le président de la Commission des instruments et des méthodes d'observation (CIMO) a accepté de se pencher sur le problème. La même année, le président de la CIMO et celui de la Société météorologique royale ainsi que des membres compétents du Secrétariat de l'OMM se sont accordés à conclure que l'Atlas constituait une norme de référence pour l'OMM, mais qu'il nécessitait d'urgence d'être modernisé. En 2013, le Groupe de gestion de la CIMO a accepté de prendre la responsabilité de cette mission et créé une équipe spéciale chargée d'examiner les mesures à prendre dans le détail et leur faisabilité. À sa soixante-sixième session, le Conseil exécutif est convenu que l'Atlas devait rester la norme de référence mondiale pour la classification des nuages, qu'il devait être exhaustif et contenir les informations les plus récentes, et qu'il incombait à l'OMM de l'actualiser régulièrement, considérant ce document comme utile pour le Système mondial intégré des systèmes d'observation de l'OMM (WIGOS) et essentiel pour le fonctionnement des Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN). Le Conseil a appuyé la proposition de la CIMO de procéder à une révision complète et à une mise à jour de l'Atlas pour faire de celui-ci la norme de référence mondiale en ligne pour la classification et les observations de nuages et d'autres météores. Lors de sa seizième session, la CIMO (CIMO-16) a de nouveau convoqué l'équipe spéciale pour effectuer une révision complète et approfondie des deux volumes de l'Atlas. Enfin, le Dix-septième Congrès météorologique mondial (Cg-17) a chargé le Conseil exécutif d'avaliser l'Atlas, une fois celui-ci achevé, et de veiller à ce qu'il soit rapidement publié. Conformément à la décision 34 prise par le Conseil à sa soixante-huitième session (EC-68), le président de l'OMM a approuvé le projet de texte de l'Atlas révisé au nom du Conseil en janvier 2017.
Dans cette nouvelle version, l'Atlas est configuré pour la première fois comme un site Web accessible par voie électronique. Ce format électronique facilitera son usage à des fins de formation et d'enseignement. Le site Web a été conçu par l'équipe spéciale et par des spécialistes de l'Observatoire de Hong Kong, lequel après l'avoir construit, en gère aujourd'hui le fonctionnement au nom de l'OMM.
La structure globale de l'édition de 1975 a été largement conservée et le texte peut être directement exploré en naviguant dans les onglets de la page d'accueil du site. Le premier onglet mène à la définition et à la classification générale des météores autres que les nuages, le deuxième onglet porte sur les nuages et le troisième présente les météores autres que les nuages. Un quatrième onglet sur l'observation des nuages comprend les sections de la deuxième partie de l'édition précédente, qui expliquaient comment effectuer des observations et comment les coder. Le cinquième onglet offre une fonction radicalement nouvelle de visualisation des nuages, qui permet de voir toutes les images rassemblées pour cette édition, d'accéder aux métadonnées associées à chacune d'entre elles, d'affiner les recherches d'images de nuages ou d'autres météores, et d'afficher des images côte à côte pour mieux les comparer. Les deux derniers onglets complètent le nouvel Atlas, l'un présentant un glossaire entièrement nouveau, et l'autre fournissant des renseignements divers, qui donne accès aux annexes et aux préfaces des éditions précédentes, et permet de télécharger celles-ci au format pdf.
Toutes les classifications existantes ont été révisées et maintenues. De nouvelles classifications officielles de nuages ont vu le jour. Parmi elles figurent une nouvelle espèce (volutus), cinq nouvelles particularités supplémentaires (asperitas, cauda, cavum, fluctus et murus), et un nouveau nuage annexe (flumen). L'espèce floccus a été officiellement reconnue comme pouvant être associée au stratocumulus. La section spécifique sur les nuages spéciaux a été retirée, et les types de nuages et de météores auparavant décrits dans cette section ont été intégrés dans le système de classification des nuages sous les noms de cataractagenitus, de flammagenitus, d'homogenitus, de silvagenitus et d'homomutatus.
Le texte lui-même a été examiné et révisé en profondeur afin d'en moderniser le style. Il est plus lisible et plus complet dans les domaines où les connaissances scientifiques ont progressé depuis la dernière édition, notamment celui des météores autres que les nuages qui englobe désormais davantage de phénomènes. Par exemple, les tourbillons de neige et les tourbillons de vapeur ont été ajoutés comme hydrométéores, de même que certaines précisions relatives aux types de tornades. Les descriptions de phénomènes optiques (photométéores) ont été largement développées avec des illustrations sur divers types de phénomènes de halos, d'arcs-en-ciel et de mirages. Des électrométéores de la haute atmosphère, connus sous le nom d'esprits et de jets, qui n'avaient pas encore été découverts lors de la publication de l'édition précédente, ont aussi été ajoutés. Par ailleurs, les expressions «mauvais temps» et «autre que de mauvais temps» ont été remplacées par «temps humide» et «temps sec».
Une amélioration notable réside dans la possibilité de consulter le texte tout en regardant les images correspondantes. Auparavant, il était nécessaire pour cela d'examiner simultanément les deux volumes I et II imprimés. S'agissant des textes réglementaires, les modifications sont mineures. L'équipe spéciale avait envisagé un certain nombre de modifications possibles, mais le désir de modernité a cédé la place à la nécessité plus forte de préserver la traçabilité des observations, et les formulations réglementaires initiales ont été conservées dans leur quasi-intégralité. Quelques erreurs relevées dans l'édition de 1975 ont été rectifiées et, en de rares endroits, les descriptions de techniques d'observation jugées obsolètes ont été retirées.
Les présentations visuelles de la classification des nuages ont été modernisées, avec un organigramme composé de nouvelles illustrations en couleurs, reproduit avec l'aimable autorisation de MétéoSuisse. L'utilisateur dispose ainsi d'une aide graphique qui l'oriente vers le codage adapté à ses observations. Un guide d'identification des nuages appartenant aux principaux genres est aujourd'hui disponible, pour le plus grand profit des passionnés de météorologie.
Les illustrations du Volume II de l'édition de 1987 ont été remplacées par de nouvelles images couleur haute résolution fournies par des passionnés de nuages du monde entier, avec une description détaillée. Le nombre d'images est beaucoup plus important. Dans certains cas, de multiples exemples sont présentés pour mettre en évidence les variations pouvant exister au sein d'une seule classification. Ainsi, les différences dues à la saison, à la zone climatique ou au stade de développement du nuage sont abondamment illustrées. Des photographies prises à intervalles réguliers ou des images vidéo portant sur certaines classifications ont été jointes pour aider l'observateur à visualiser les stades d'évolution de ce type de nuage. Les images de nuages sélectionnées illustrent aujourd'hui principalement des études de cas, avec des métadonnées connexes telles que des analyses synoptiques, des images satellite ou radar, et des sondages atmosphériques. De nombreuses images présentes dans le Volume II de 1987 ont été conservées comme métadonnées connexes pour les images plus récentes, afin de permettre une traçabilité historique des observations. Chaque type d'hydrométéore (autre que les nuages), de lithométéore, de photométéore et d'électrométéore est également accompagné d'une ou de plusieurs nouvelles images. Au total, la version Web de l'Atlas englobe plus de 600 nouvelles images dont une grande partie présentées avec des métadonnées supplémentaires.
Au final, les modifications apportées à cette dernière édition de l'Atlas international des nuages sont considérables, même si l'essentiel de son contenu n'a pas changé. Les résultats obtenus sont à porter au crédit de l'équipe spéciale, qui a travaillé sans relâche pendant plusieurs années pour y parvenir. L'OMM exprime sa reconnaissance à Stephen Cohn (président, États-Unis d'Amérique), Michael Bruhn (coprésident, Australie), Mmes Eliane Thürig-Jenzer (Suisse), Colleen Rae (Afrique du Sud) et Marinés Campos (Argentine), et MM. George Anderson (Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord), Ernest Lovell (Barbade), Jim Trice (Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord) et Tam Kwong Hung (Hong Kong, Chine) pour les efforts déployés, et au spécialiste des nuages Frank Le Blancq (Jersey) pour ses nombreuses contributions. L'OMM remercie particulièrement l'Observatoire de Hong Kong pour son soutien inestimable dans la conception, l'hébergement et la maintenance du site Web.
Je suis convaincu que cette nouvelle version Web de l'Atlas international des nuages recevra l'aval de tous, professionnels et amateurs confondus, et reprendra sa place comme instrument mondial de normalisation pour la classification et l'observation des nuages et des autres météores.
(P. Taalas)
Secrétaire général