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Préface à l'édition de 1939 1

La première classification des nuages qui ait été publiée2 ne remonte qu'au début du XIXe siècle et est due à Lamarck (1802). Le célèbre naturaliste ne se proposait pas de classer tous les nuages possibles; il se bornait à distinguer certaines formes qui lui paraissaient être la manifestation de causes générales utiles à connaître. Mais ces travaux, malgré leur réelle valeur, n'eurent aucun retentissement, même en France, et cette nomenclature ne semble avoir été employée par personne, soit que le fait d'avoir donné aux nuages des noms français assez particuliers la rendît peu propre à être adoptée dans d'autres pays, soit qu'elle eût été discréditée par le voisinage, dans la même publication (Annuaire météorologique), de prévisions fondées sur des données astrologiques.

Un an plus tard, Luke Howard, en Angleterre, publia de son côté une classification des nuages qui eut, au contraire, le plus grand succès et qui est à l'origine de la classification actuelle. Alors que Lamarck se contentait de définir et de dénommer un certain nombre de formes intéressantes, Howard prétendait établir une classification complète englobant tous les cas possibles. Il distinguait trois classes simples et fondamentales – cirrus, cumulus, stratus – dont toutes les autres dériveraient par transition ou association. Cette conception est à certains égards incorrecte. Si le cirrus et le cumulus méritent d'occuper une place privilégiée dans la classification, le premier réalisant le type le plus pur du nuage de glace des régions élevées de l'atmosphère, et le second étant par excellence le nuage des particules liquides des régions inférieures, ce que Howard appelle «stratus» ne constitue pas un type au même titre que les précédents. II n'est pas défini par l'état physique de ses éléments et il peut se rencontrer à toute altitude. Mais, pratiquement, Howard aboutit à peu près aux mêmes résultats que Lamarck. Quatre des cinq types principaux de Lamarck se retrouvent sous des noms différents dans la nomenclature de Howard. Il est remarquable que ces deux hommes, de cultures scientifiques aussi différentes et n'ayant jamais eu de rapports entre eux, soient parvenus indépendamment à des conclusions aussi concordantes.

En 1840, le météorologiste allemand Kaemtz ajouta aux formes de Howard le stratocumulus, défini avec précision dans son sens actuel.

Dans la classification des nuages donnée par Renou, qui fut directeur de l'Observatoire du Parc Saint-Maur et de celui de Montsouris, dans ses «Instructions météorologiques» (1855), on trouve l'origine directe de plusieurs des types de nuages de la nomenclature actuelle: cirrocumulus, cirrostratus, altocumulus et altostratus. C'est lui qui introduisit pour la première fois dans le Bulletin de l'Observatoire de Montsouris, dont l'exemple fut suivi bientôt par l'Observatoire d'Upsal, ces deux derniers genres, intercalant ainsi des nuages de niveau moyennement élevé entre les nuages inférieurs et les nuages de la famille des cirrus et amorçant l'évolution qui devait aboutir à la prépondérance du critérium d'altitude, consacrée plus tard par Hildebrandsson. On lui doit aussi la distinction nette, à différents étages, entre les formes divisées et en voile.

En 1863, Poey, qui observait isolément à La Havane, émit des idées originales qui n'obtinrent peut-être pas toute l'estime qu'elles méritaient, d'abord parce que le pire y voisinait avec l'excellent et aussi parce qu'il prétendait créer de toutes pièces une classification où l'on ne retrouvait à peu près plus rien des grandes lignes qui, lentement mais sûrement, depuis Howard, se dégageaient des essais successifs tentés en Europe. Il convient toutefois de rappeler qu'on lui est redevable de la définition du fractocumulus, des variétés radiatus (sous la dénomination fracto-) et mammatus (sous la dénomination globo-). Surtout, il a décrit très nettement le ciel central des perturbations, en distinguant les deux couches superposées: la nappe d'altostratus (sous le nom de palliocirrus) et la couche de fractostratus ou de fractocumulus (sous le nom de palliocumulus).

En 1879, Hildebrandsson, directeur de l'Observatoire d'Upsal, appliqua le premier la photographie à l'étude et au classement des formes de nuages. Dans son ouvrage intitulé «Sur la classification des nuages employée à l’Observatoire météorologique d’Upsala», on trouve un atlas de seize photographies. La classification utilisée est celle de Howard, un peu modifiée, notamment en ce qui concerne le nimbus qui désigne non pas tout complexe pluvieux (et notamment le cumulo­nimbus actuel), mais seulement la couche sombre basse du ciel pluvieux, le stratus qui désigne du brouillard lorsqu'il s'est élevé de terre et se maintient à quelque distance du sol et le cumulostratus qui, à l'exemple de Kaemtz, désigne de puissantes masses cumuliformes entassées; à Kaemtz aussi, Hildebrandsson emprunte le stratocumulus. Dans ce premier travail de Hildebrandsson, on pressent déjà la volonté de se maintenir dans le cadre de Howard, tout en y tenant compte des travaux postérieurs.

Peu de temps après, Weilbach et Ritter proposèrent des classifications qui s'écartaient trop de celle de Howard, déjà assez généralement acceptée dans ses grandes lignes, pour avoir quelque chance de succès – comme il advint plus tard à celles de Maze, Clayton et Clement Ley. Mais on doit à ces auteurs des définitions intéressantes d'espèces (subdivisions des grands genres) ou de variétés (aspects particuliers se retrouvant à différents étages) et à Weilbach, l'introduction du cumulonimbus ou nuage d'orage, nettement distingué du cumulus, même «compositus».

Enfin en 1887, Hildebrandsson et Abercromby publièrent une classification des nuages dans laquelle ils s'étaient efforcés de concilier les pratiques en usage et, en se maintenant dans la ligne de Howard, d'effectuer une synthèse des acquisitions ultérieures, notamment de celles dues à Renou (introduction de l'altocumulus et de l'altostratus, distinction à chaque étage de la forme divisée et de la forme en voile) et à Weilbach (introduction du cumulonimbus, érection en famille indépendante des cumulus et nuages orageux). Abercromby, donnant ainsi un bel exemple de probité scientifique, avait préalablement fait deux fois le tour du monde, afin de s'assurer que les formes des nuages étaient les mêmes partout – ce qui n'est d'ailleurs vrai qu'en première approximation. Un des caractères principaux de cette classification est l'importance prise par le critérium d'altitude, en raison de ce qu'aux yeux des auteurs l'application capitale des observations de nuages était la détermination de la direction du vent aux différentes hauteurs. Ils rangèrent les nuages dans quatre étages, dont ils fixèrent provisoirement l'altitude moyenne d'après les mesures effectuées en Suède. C'est de la classification de Hildebrandsson et d'Abercromby qu'est issue directement, et sans grande modification, la classification internationale.

La Conférence météorologique internationale tenue à Munich, en 1891, recommanda expressément la classification de ces auteurs et accrédita un Comité spécial chargé de la mettre au point définitivement et de la publier avec illustrations sous forme d'atlas. Ce Comité se réunit à Upsal en août 1894 et procéda au choix des images à reproduire. On avait organisé à cet effet une exposition comprenant plus de trois cents photographies ou dessins de nuages. La Commission de publication, composée de Hildebrandsson, Riggenbach et Teisserenc de Bort, rencontra de grandes difficultés techniques et surtout financières. Finalement, Teisserenc de Bort dut se charger d'éditer lui-même l'Atlas, qui parut en 1896. Cet ouvrage renferme 28 planches en couleurs, accompagnées d'un texte en trois langues (français, allemand, anglais) donnant la définition et la description des nuages, ainsi que des instructions pour leur observation.

La classification exposée dans l'Atlas international devint rapidement officielle et d'un emploi à peu près général dans tous les pays. Les météorologistes qui publièrent depuis des études sur les nuages adoptèrent presque tous cette nomenclature; mais, souvent, elle a été trouvée insuffisamment détaillée; c'est ainsi que nombre de météorologistes – Clayden et Vincent notamment – furent amenés, sans toucher aux groupes, à créer des espèces ou des variétés nouvelles.

Ainsi prenait fin, grâce aux efforts constants de Howard à Renou, puis à Hildebrandsson et à l'autorité du Comité météorologique international, la confusion qui régnait depuis près d'un siècle dans un des domaines les plus importants de la météorologie. Le premier Atlas international a constitué un progrès capital, rendant enfin les observations de nuages vraiment comparables entre elles dans le monde entier.

La réédition de 1910, qui ne comportait que de très légères modifications, était épuisée depuis bien des années lorsque la Commission internationale pour l'étude des nuages (C.E.N.) fut créée à Londres en 1921. Son président, Sir Napier Shaw, mit aussitôt à l'étude la révision de la classification en proposant à la discussion un mémoire où il exposait ses idées personnelles et en faisant appel aux suggestions de tous les membres; l'enquête ainsi ouverte prit rapidement une telle ampleur, qu'en 1925 le successeur de Sir Napier Shaw jugea nécessaire de concentrer toute l'activité de la C.E.N. sur la solution de ce problème et sa sanction pratique, la réfection de l'Atlas international.

Cette tâche s'imposait pour plusieurs raisons. D'abord, une raison toute matérielle: il devenait urgent de doter les observateurs de nouveaux atlas sous peine de voir diminuer la qualité des observations et réapparaître des divergences d'interprétation. Mais à ce motif pratique venaient s'ajouter des raisons plus profondes: pour remarquable qu'elle ait été à son époque, l'œuvre de 1896, n'était évidemment pas parfaite. Au seul point de vue – d'ailleurs essentiel – de la standardisation des observations, une expérience de trente ans avait révélé quelques lacunes et imprécisions, sources de traditions nationales incompatibles entre elles sur certains points. Enfin, la météorologie avait beaucoup évolué, surtout depuis l'essor de l'aéronautique. En établissant le premier atlas, Teisserenc de Bort et Hildebrandsson avaient eu principalement en vue le problème de la circulation générale; aussi considéraient-ils les nuages avant tout comme des flotteurs aériens susceptibles de révéler les courants en altitude et s'attachèrent-ils à réaliser une classification faisant correspondre aux différentes espèces de nuages des altitudes aussi bien déterminées que possible. Mais, depuis cette époque, les météorologistes s'étaient intéressés de plus en plus aux nuages pour eux-mêmes. La multiplication des observations de nuages dans le réseau et leur extension dans les messages –­ qui trouva son couronnement dans le nouveau code international de Copenhague (1929) – avaient permis d'étudier directement leur répartition synoptique et de mettre au point la notion de «ciel» et de «système nuageux», dont la Semaine internationale des nuages, organisée en 1923 par la Commission internationale pour l'étude des nuages, démontra définitivement la valeur.

L'observation en avion nous familiarisait avec des aspects inconnus des masses nuageuses et nous les faisait connaître plus intimement et plus complètement. Enfin, les théories nouvelles, solidement fondées sur l'interprétation hydrodynamique et thermodynamique des sondages, précisaient leur signification physique et leur rôle dans les perturbations. C'étaient là des points de vue nouveaux et fort intéressants, auxquels il fallait faire une part légitime.

Quand la C.E.N. se réunit à Paris en 1926 pour dépouiller les résultats de la vaste enquête qu'elle avait lancée et pour jeter les bases du nouvel atlas, elle se trouva en présence d'une abondante littérature et de suggestions très diverses. Avec beaucoup de sagesse, elle posa tout de suite le principe qu'il ne fallait toucher qu'avec une extrême prudence à une classification qui avait fait ses preuves, de manière à ne pas remettre en question l'accord quasi unanime réalisé par nos prédécesseurs. Elle décida de n'opérer que les modifications indispensables pour dissiper les malentendus et achever d'uniformiser les observations, en atténuant cependant l'importance accordée à l'altitude comme base de la classification.

Tout en reconnaissant la nécessité d'amorcer une classification secondaire, elle se garda de la vouloir complète et de subdiviser à l'excès les catégories principales, dites dorénavant genres; elle se donna comme règle de n'introduire que les espèces généralement admises par tous, laissant la porte ouverte à des adjonctions progressives dans l'avenir. Ayant ainsi témoigné d'un prudent esprit conservateur et placé hors d'atteinte l'œuvre de 1896, la C.E.N. tint en revanche à donner à l'esprit nouveau les satisfactions utiles. Toutefois, ayant dès l'abord jugé prématuré une tentative de classification des nuages fondée sur leurs propriétés physiques – se réservant de la mettre à l'étude après une nouvelle Année internationale des nuages (conçue à cette occasion et qui sera réalisée en même temps que l'Année polaire 1932-1933) – elle persista dans cette ligne de conduite en se refusant à faire état d'aucune théorie, si séduisante soit-elle. Mais elle décida d'enregistrer ce qui était acquis en tant que faits d'observation, dans le ciel ou sur les cartes. C'est ainsi qu'elle résolut d'introduire:

1) Un chapitre sur l'observation aérienne des nuages, pour lequel la compétence bien connue de M. C.K.M. Douglas, aviateur et météorologiste à la fois, fut largement mise à contribution;

2) Une classification des «types de ciels», basée sur la structure nuageuse des perturbations telle qu'elle ressort des travaux de l'école norvégienne et de l'école française; c'est pour marquer l'importance attachée à cette innovation que le titre de l'atlas est devenu «Atlas international des nuages et des types de ciels».

La C.E.N. se réunit une deuxième fois à Zurich en septembre 1926, pour mettre au point le projet d'atlas. Dans le même temps, un important ensemble de photographies de nuages, de ciels et de vues aériennes, empruntées surtout aux collections de MM. Cave, Clarke et Quénisset et de la Fundacio Concepcio Rabel, était rassemblé pour illustrer abondamment l'atlas.

Afin de soumettre le projet de la C.E.N. à la plus large critique, avant d'entreprendre l'atlas définitif, le directeur de l'Office national météorologique de France décida d'éditer aux frais de cet établissement le projet de la Commission sous forme d'«Atlas provisoire». Cette publication largement distribuée répondit parfaitement à son objet et, de tous les pays du monde, les remarques et les propositions affluèrent. Ce dossier considérable fut examiné à Barcelone, en juin 1929, par la C.E.N., qui tint compte le plus complètement possible des suggestions rentrant dans le cadre général qu'elle s'était tracé. L'illustration de l'Atlas fut, en outre, revue soigneusement, la tâche de la C.E.N. sur ce point ayant été singulièrement facilitée par la magnifique exposition de photographies de nuages organisée, à l'occasion de sa session, par la Fundacio Concepcio Rabel.

La C.E.N. se réunit à nouveau à Copenhague en septembre 1929, lors de la réunion de la Conférence des directeurs. Les dernières modifications conseillées à la C.E.N., et qui lui étaient parvenues depuis la réunion de Barcelone, furent prises en considération et le projet définitif arrêté, à quelques détails près. Nous convînmes aussi de la nécessité de publier rapidement un extrait de l'Atlas complet à l'usage des observateurs, afin de faciliter l'application du nouveau code international qui fait une large part à l'observation des types de ciels.

Les modalités de publication furent envisagées dans des conditions exceptionnellement favorables grâce au don vraiment magnifique d'un mécène catalan, M. Rafael Patxot, à qui la science des nuages devait déjà les études si intéressantes de la Fundacio Concepcio Rabel; cette généreuse contribution permit de tirer une édition gratuite à 1 000 exemplaires de l'Atlas complet et de mettre en vente cet ouvrage, ainsi que l'Extrait, à un prix tout à fait modique. Une sous-commission fut instituée, sous la présidence du professeur Süring, pour dresser le programme de l'Année des nuages et étudier les processus physiques de formation et d'évolution de ces météores en vue de rédiger ultérieurement une annexe à l'Atlas général. Deux autres annexes furent prévues, l'une sur les nuages tropicaux, l'autre sur les formations locales spéciales, et leur préparation confiée respectivement à MM. Braak et Bergeron. La Conférence des directeurs approuva entièrement les propositions de la C.E.N. et délégua ses pouvoirs, en ce qui concernait la mise au point de l'Atlas, à une sous-commission spéciale.

Ce travail fut réalisé en grande partie à Paris, au cours de l'année 1930, par MM. Süring, Bergeron et Wehrlé. Les traductions allemande et anglaise furent rédigées par le MM. Keil et Cave et le Meteorological Office de Londres. L'Extrait parut enfin en 1930, juste avant l'entrée en vigueur du nouveau code. Il fallut encore une année pour parfaire l'illustration de l'Atlas complet et les chapitres ne figurant pas dans l'Extrait. Entre-temps, la Sous-Commission Süring avait tenu deux réunions à Bruxelles (décembre 1930) et à Francfort (décembre 1931), et il parut opportun d'introduire dans l'Atlas complet une partie de son travail relative à l'observation des nuages et des hydrométéores.

L'ouvrage, qui porte en sous-titre la mention «I. Atlas général» (les tomes II et suivants devant être constitués par les annexes à paraître), se compose d'un volume de texte et d'un ensemble de 174 planches.

Le volume de texte comprend cinq parties:

1) NUAGES — C'est le texte amendé de l'ancien atlas. Les principales modifications sont relatives:

a) à la définition, plus restrictive que jadis, du cirrocumulus;

b) à la distinction entre cumulus et cumulonimbus, celui-ci devant être caractérisé par la glaciation des sommets ou par l'averse;

c) à la distinction entre altocumulus et stratocumulus;

d) à l'introduction du nimbostratus (altostratus bas), pour éviter la confusion (due à la définition équivoque du nimbus) entre la couche basse pluvieuse provenant de l'évolution descendante de l'altostratus et les nuages très bas et serrés (fractostratus ou fractocumulus de mauvais temps) qui se forment souvent sous l'altostratus ou la couche précédente.

En outre, les commentaires aux définitions ont été très développés, sous forme de «Remarques explicatives», rédigées dans un esprit très pratique à l'intention des observateurs et en insistant sur les distinctions entre les formes voisines. Le cas échéant, des espèces ont été introduites, mais comme nous l'avons déjà dit, cette classification secondaire n'englobe volontairement que les cas sur lesquels l'accord est unanime; elle se trouve très simplifiée d'ailleurs par l'adjonction d'un certain nombre de variétés communes aux différents étages. Enfin, pour bien marquer que les noms de nuages sont devenus de purs symboles, dont l'étymologie doit être oubliée, ils ont toujours été écrits en un seul mot.

2) CODE — La deuxième partie est constituée par un commentaire pratique et détaillé à l'usage des observateurs, avec remarques explicatives d'ordre général et conseils pour éviter la confusion entre les spécifications du nouveau code des nuages inférieurs, moyens et supérieurs, qu'il serait d'ailleurs plus juste d'appeler «code des types de ciels», car l'organisation des masses nuageuses dans le ciel y joue un rôle essentiel et il a été conçu de telle façon qu'avec les combinaisons des trois chiffres, on peut représenter tous les types de ciels classés dans la cinquième partie.

On a cru devoir s'abstenir dans le texte de toute considération «synoptique», l'observateur étant censé ignorer la situation générale; toutefois, on a tenu à ne pas le priver entièrement de l'aide efficace que peut apporter le rattachement des types de ciels à l'évolution des perturbations; aussi, trouvera-t-on, à la fin de cette partie, une figure d'ensemble montrant où se situent, par rapport à une perturbation, les différents ciels inférieurs, moyens et supérieurs indiqués dans le code.

3) JOURNAL DES NUAGES — Cette partie, dont l'insertion a été suggérée par M. Bergeron et qui est empruntée à la documentation préparée par la Sous-Commission Süring pour l'Année des nuages, comprend un tableau modèle pour la notation des observations de nuages et des instructions détaillées sur la manière de le remplir. Elles sont complétées par des descriptions précises des différents hydrométéores ou phénomènes météorologiques, sujet qui a donné lieu à des traditions nationales divergentes qu'il importait de modifier et d'unifier.

4) OBSERVATION AÉRIENNE DES NUAGES — La classification des nuages étant basée sur leur apparence vue du sol, il a paru utile de rédiger une note sur leur aspect du point de vue de l'observateur aérien, d'autant que la connaissance plus complète qu'il en peut avoir, du fait qu'il lui est loisible de s'en rapprocher et de les surmonter (au moins en ce qui concerne les nuages inférieurs et moyens), permet de simplifier notablement la classification en la bornant à des distinctions de de structure vraiment essentielles. La multiplication des vols météorologiques qui ne feront que se développer, notamment en vue des sondages de température, rendait ce chapitre nécessaire.

5) TYPES DE CIELS — L'énumération des genres et même des espèces des nuages qui peuplent le ciel à un moment donné ne suffit pas pour caractériser le type de ciel, c'est-à-dire préciser le secteur de la perturbation intéressant le lieu d'observation et, par conséquent, les caractères généraux du «temps». Ce qui caractérise véritablement le type de ciel, c'est l'ensemble des individus nuageux et leur organisation. Une classification spéciale des ciels s'impose donc, que suffit à justifier la seule expérience des observateurs qualifiés, mais qui se trouve en même temps correspondre à la nature des processus physiques et à la structure des perturbations. Accessoirement, elle facilite d'ailleurs l'identification des genres nuageux et, dans certains cas (surtout dans les situations orageuses), elle supplée, au moins en partie, à leur indétermination.

Ensemble des planches — Les planches sont au nombre de 174 (101 pour les nuages vus du sol, 22 pour les nuages vus en avion et 51 pour les types de ciels), dont 31 en deux couleurs; la plupart de ces planches, où il y a lieu de distinguer le bleu du ciel des ombres propres des nuages, figurent dans l'Extrait, c'est-à-dire qu'elles sont destinées à la masse des observateurs et doivent par conséquent être particulièrement claires. Chaque planche comporte une légende et un schéma, à la même échelle que la photogravure, et qui dégage les caractères essentiels de l'image.

L'annexe relative aux nuages tropicaux due à M. Braak et qui constitue le Volume II de l'ouvrage complet est déjà parue en français, pour les besoins de l'Année polaire, et grâce à la généreuse subvention de M. Cave qui a tant fait pour la science des nuages. Il nous reste à souhaiter que l'Annexe relative aux nuages spéciaux, qui constituera le Volume III et comprendra notamment les belles photographies de nuages stratosphériques du professeur Störmer, puisse bientôt paraître. Espérons enfin que les résultats de l'Année des nuages permettront à la Sous-Commission Süring de nous donner, sur les processus physiques de la formation des nuages, un quatrième volume qui fasse date dans l'histoire de la météorologie.

E. DELCAMBRE,

Président de la Commission internationale

pour l'étude des nuages.


1 La préface de l'édition de 1939 était presque identique à celle de l'édition de 1932. Les modifications introduites dans le texte de l'édition de 1939 avaient pour objet de mettre à jour:

a) les abréviations des formes nuageuses;

b) le code des nuages;

c) les symboles et les descriptions des divers phénomènes météorologiques.

2 Dans ce bref historique, de larges emprunts ont été faits au très intéressant travail de Louis Besson: Aperçu historique sur la Classification des Nuages, Mémorial de l’Office national météorologique de France, no 2, Paris 1923.

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